Un examen critique de la politique d’éducation LGBTIQ+ aux Pays-Bas montre le fonctionnement interne d’un État solidaire
17 mai 2024 - Aujourd'hui, GALE publie une nouvelle revue de la politique éducative DESPOGI/LGBTIQ+ aux Pays-Bas. Comme d'habitude, GALE a vérifié la politique nationale d'éducation sur les 15 points de contrôle de la liste de contrôle GALE. En 2017, GALE a évalué la politique néerlandaise à 95 %, ce qui se situe dans la fourchette favorable. En 2024, GALE a évalué les Pays-Bas à 73 %, ce qui se situe toujours dans la fourchette favorable, mais dans la partie inférieure de celle-ci. Cet examen approfondi montre à quel point même un État favorable a du mal à progresser. Élaborer des politiques et lancer des interventions est une chose, mais avoir un impact sur les réalités sociales est bien plus difficile.
Score inférieur
Lors de la première évaluation nationale des Pays-Bas en 2017, GALE a noté que les Pays-Bas étaient favorables à 95 % (avec 11 éléments favorables, 3 éléments encouragés et 1 élément inconnu). Les Pays-Bas sont considérés comme étant entrés dans la phase de « soutien » (ou d’intégration) en 2001, lorsque le gouvernement a adopté pour la première fois une politique active d’éducation des LGB.
En 2024, GALE obtient un score de 73 % aux Pays-Bas (avec 2 éléments favorables, 10 éléments encouragés et 3 éléments sans politique). L’accent actuel mis sur les GSA LGBT, sur l’éducation par les pairs LGBT et le manque de volonté de donner suite aux signaux de la recherche est plus typique de la phase ambiguë que de la phase de soutien. Toutefois, les Pays-Bas se trouvent encore dans la phase de soutien en termes de pourcentage.
Bonnes intentions, beaucoup d'action, peu d'impact
Cette réduction substantielle est principalement due au fait que l'examen montre peu de progrès en matière de mise en œuvre de la politique au niveau scolaire et du manque d' impact de la politique au niveau social, en combinaison avec une réticence politique et organisationnelle à assurer une mise en œuvre efficace spécifiquement pour les étudiants DESPOGI. Le manque d'impact est également dû en partie à un manque de capacité (dû à la décentralisation et à la déréglementation).
L’une des principales explications de ce score inférieur est que les gouvernements néolibéraux successifs ont exprimé de grandes intentions mais ont laissé la mise en œuvre aux écoles et aux établissements d’enseignement qui les soutiennent. On s’attend à ce que la propre responsabilité et la concurrence conduisent automatiquement à une qualité et une inclusion supérieures. Toutefois, cela ne se passe pas ainsi.
Dans le même temps, il n'est pas utile que l'organisation nationale LGBT se concentre principalement sur la promotion de ses propres interventions LGBT basées sur les pairs (comme les GSA et l'éducation par les pairs LGBT) et sur l'incitation de l'Inspection de l'Éducation à accroître son contrôle sur les écoles (ce qui est une demande actuellement irréaliste), plutôt que sur une stratégie d’intégration fondée sur des données factuelles pour le secteur de l’éducation.
Des luttes pour avancer dans un pays « solidaire »
Le rapport montre comment des mouvements politiques et sociaux plus larges comme le néolibéralisme ont un impact sur la réalité sociale des élèves LGBTIQ+ dans les écoles. Surtout dans les pays dotés d’un système décentralisé, il existe un énorme besoin d’adapter les interventions à chaque école. Dans un tel contexte, il est nécessaire de mettre en place une politique nationale de soutien forte qui non seulement encourage les écoles à faire ce qu’il faut, mais les soutient également par le suivi, le développement de bonnes pratiques et la recherche sur les effets et l’impact. Il doit également y avoir une boucle de rétroaction politique qui garantit que lorsque les stratégies échouent, elles sont remplacées par des stratégies et des interventions qui ont plus de chances de réussir.
Le rapport montre également comment les organisations LGBTIQ+, qui cherchent principalement à maintenir leur propre position et leur financement, peuvent devenir leur propre ennemi dans un État plus solidaire. Dans le guide du comité GALE, GALE a déjà expliqué comment les organisations LGBTQI+ doivent se repositionner, passant d'organisations de défense (dans la phase ambiguë des États) à des organisations de conseil (dans les États favorables). Ils devraient commencer à coopérer avec le gouvernement plutôt que de simplement formuler des revendications. Il semble qu’aux Pays-Bas, la principale organisation LGBT n’ait pas encore réussi à opérer ce changement.
Les partis de droite qui ont remporté les récentes élections pourraient bien constituer un risque pour la politique actuelle. Une grande partie de la mise en œuvre des politiques dépend du financement du COC Pays-Bas, mais la consolidation des politiques générales et du système éducatif fait encore défaut. Sans une telle intégration systémique, il se pourrait que l’attitude positive de la population hétérosexuelle cisgenre ne soit pas suffisamment stable pour conserver un soutien politique.
Sources:
Anglais: Great intentions but less implementation. A Review of the Implementation of the Right to Education for DESPOGI/LGBTIQ+ in the Netherlands in 2024
Néerlandais: Goede bedoelingen, maar minder uitvoering. Een overzicht van de implementatie van het recht op onderwijs voor DESPOGI/LHBTIQ+ in Nederland in 2024
GALE Committee Guide (2017)